
C’est toujours un plaisir de découvrir les vêtements originaux des grands créateurs et l’exposition Yves Saint Laurent à Bruxelles n’a pas dérogé à la règle. Nous connaissons tous la maison Yves Saint Laurent avec ses pièces phares comme la saharienne et le smoking pour femme mais au-delà de ces icônes que recelaient les vêtements de Yves (Mathieu) Saint Laurent ?
Le créateur était un génie car déjà adolescent il collaborait avec Dior et c’est à 25 ans qu’il crée sa première collection avec le smoking pour femme et différentes pièces masculines (cravate, chapeaux d’homme, marinière, caban) remises au goût du jour pour les femmes un brin provocatrice pour l’époque, c’est-à-dire assumant leur corps de femme tout en étant active. Petites particularités pour les plus averties d’entre nous sur le smoking : il est légèrement cintré et renforcé sur le devant pour lui donner plus de féminité, tout comme la taille du pantalon est plus haute que pour les hommes. Enfin, les grandes poches plaquées sur l’avant au niveau de la poitrine et sur les hanches sont cousues à la main au point glissé.
Un vrai bonheur était aussi de découvrir les croquis qui servaient de base pour ses collections accompagnés d’échantillons de tissu. Nous avons d’ailleurs été servis lors de la visite de l’exposition car Stragier (magasin de vente de tissus) avait mis à disposition par salle des échantillons de tissu à toucher. Ceux-ci correspondaient aux types de tissus qui avaient été utilisés salle par salle.
A côté des pièces très hautes coutures inspirées de l’Asie, de la Russie ou encore des romans de Proust, nous retrouvrions ces robes ‘Mondrian’, des vrais bijoux de précision. Les fermetures éclairs sont cachées par des pattes noires dans la continuité des lignes et les robes sont entièrement doublées en soie. En jersey de laine, elles sont extrêmement connues et révèlent leur caractère exceptionnel que lorsque elles pendent devant nous : coupe et finitions parfaites, tissu léger et fluide.
Ce qui frappe aussi, c’est le fait que les vêtements soient portables et c’est là que YSL tire toute son originalité et surtout à son époque. Ses vêtements sont conçus pour être portés par des vraies personnes. Personnage renfermé et sensible, le créateur voit l’homme et la femme comme des hommes et des femmes qui bougent et ne sont pas cantonnés à des codes vestimentaires figés. Subtilement, il joue avec les codes de la féminité et de la virilité, du jour et du soir. Les homme YSL portent aussi des vestes cintrées, des imprimés et ressemblent à la femme en saharienne :
Dans la suite de cette réflexion, sa robe de mariée entièrement tricotée ou crochetée en forme de poupée russe a de quoi alimenter les rumeurs pendant encore longtemps : pour YSL, le mariage est-il un enfermement pour les femmes ou lorsqu’elle sortira de sa robe, se révèlera-t-elle comme une chenille devient papillon ?
Enfin, un des rêves de YSL étaient de créer des collections de qualité pour des publics plus jeunes et moins riches, d’où l’ouverture de sa boutique de prêt à porter à Paris (1966) qui avait été un scandale car la haute couture devait rester parmi les nantis. Pour que ses pièces soient vendables à des prix raisonnables, il avait par exemple choisi de ne pas doubler ses robes ce qui les rendait nettement moins chères à la production.
En sortant de l’exposition, il est facile de se rendre compte à quel point YSL a marqué les codes vestimentaires tellement toutes ses pièces paraissent évidentes et pourtant avec cette mode du vintage, nous avons du souci à nous faire. Car comme nous le montre YSL, la mode et la haute couture sont plus que du luxe, elles sont aussi un moyen d’expression des genres. Alors ceux qui adorent cette mode des jupes tailles hautes, entravées qui font des silhouettes de pin up mais qui ne sont totalement pas pratiques ont de quoi se poser des questions sur leur conception des femmes.
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